Art Visuel

ARCHIPEL Journal de Genève et gazette de Lausanne
Musiques d'aujourd'hui 2 / 3 mars 1996

Elle peint et compose

Aucune contradiction à ce que Fabienne Wyler expose sa peinture dans le cadre d' Archipel: elle aspire à la polyvalence.

Si Fabienne Wyler n'est pas encore connue des milieux genevois et internationaux de la peinture et des beaux-arts, gageons qu'elle va très vite sortir de l'anonymat. Car elle a un supporter de poids en la personne de György Ligeti. En 1992, l'artiste genevoise, qui hésite encore entre peinture et musique, fait la connaissance de Ligeti. Elle veut devenir son élève de composition: il l'incite à poursuivre ses recherches visuelles. Fabienne Wyler ne tranchera pas. Si elle se concentre actuellement sur la peinture, elle n'en abandonne pas pour autant l'idée de se remettre à sa première passion: la composition. Rencontre avec une jeune artiste qui aspire à la polyvalence.

«Les dernières œuvres de Ligeti ont agi sur moi comme un révélateur. J'y ai entendu ce que je recherchais dans ma peinture : la dimension tridimensionnelle, l'illusion spatiale.» Après des études musicales à Genève, à Freiburg-im-Breisgau et à Sienne avec Franco Donatoni, Fabienne Wyler s'est soudainement découvert une passion pour le dessin. « C'est venu tout d'un coup : j'ai commencé à dessiner et je ne pouvais plus m'arrêter, comme l'assouvissement d'un désir longtemps réprimé. »

Elle découvre la peinture de Kandinsky à travers les liens du peintre avec Schönberg, celle de Klee en parallèle à la musique de Webern. « Je me sens proche de Klee, chez qui l'opposition entre le statisme du corps et la dynamique de l'esprit est fondamentale. J'utilise comme élément de base le cube, forme statique dans son essence, que je fais flotter dans l'espace pour créer une dynamique. Au départ, ma démarche était très intuitive ; ce n'est qu'après coup que j'ai vu un rapprochement possible avec Klee. »

Ligeti, qui signe le texte d'introduction du catalogue de l'exposition consacrée à Fabienne Wyler, le lien étroit (de ses tableaux) avec la science moderne, celle du chaos déterministe et des fractales. Influence également de la peinture médiévale japonaise de la période Heian. La force et l'originalité des tableaux de Fabienne Wyler résultent de la tension entre les objets « abstraits-géométriques  et l'espace concret, physique, gouverné par la gravitation. »

Etrangement, si elle admet une filiation avec Webern et Boulez en peinture, sa démarche musicale est d'un tout autre ordre : « Toute une génération a été « bloquée » par Boulez ; en musique, je me sens plus proche des recherches sur la sonorité, de Debussy en particulier, et du jazz. J'ai un projet de Concerto pour piano où le rythme sera un élément primordial. »

Luca Sabbatini

Exposition Fabienne Wyler du 7 au 24 mars à la salle Patiño; accrochage le 7 à 18 h, vernissage et présentation par György Ligeti le 24 à 18 h.

 


 logograme

Peintures de Fabienne Wyler (Suisse)

Peintre, mais aussi compositeur, Fabienne Wyler puise son inspiration dans la musique de ce siècle, et retrouve dans la construction de ses peintures des principes formels proches des musiques sérielles et des compositions par processus. Les œuvres de Boulez, Ligeti continuent de marquer son imaginaire et ont pu influencer les séries intitulées « polyrythmies », « intermittences », « attracteurs étranges ». C'est aussi du côté de la théorie du chaos et des fractales que des rencontres s'opèrent… Cette exposition est un contrepoint visuel des rencontres « Musique et Mathématiques » qui se déroule les 16 et 17 mars.


IL EST EXPOSE CE QUI SUIT :

Dans le cadre du FESTIVAL « MUSIQUES EN SCENE », GRAME accueille au Palais Bondy 18-20, Quai de Bondy LYON 5ème.
L'exposition des peintures de Fabienne WYLER, intitulées « polyrythmies », « intermittences », « attracteurs étranges »…

qui se tiendra du samedi 16 mars au samedi 23 mars 1996 inclus.


Cette exposition est un contrepoint visuel des rencontres « Musique et Mathématiques » qui se déroulent les 16 et 17 mars, Salle Witkowski du Palais Bondy.

 


 

OEUVRES PICTURALES

Remplissage périodique du plan VII 05 2017 50x70 Hommage à M. C. Escher 3
Remplissage périodique du plan VII 05 2017 50x70
Hommage à M. C. Escher 3
Attracteur étrange XXVII 01 2017 50x70
Attracteur étrange XXVII 01 2017 50x70
Remplissage périodique du plan IV Hommage à M. C. Escher 2 04 2017 50x70
Remplissage périodique du plan IV 04 2017 50x70
Hommage à M. C. Escher 2
Bifurcation XXI crescendo c 09 2015 50x70
Bifurcation XXI crescendo c 09 2015 50x70

 

Musique et peinture sont indissociables dans l'oeuvre de cette artiste, dont les liens avec Klee, Kandinsky, Mondrian et Maurits Escher sont indéniables. Les abstractions géométriques de Fabienne Wyler ont toujours un rapport avec la musique, avec sa structure, comme pour mettre en formes des notes intangibles, les faire résonner jusqu'au coeur de nos iris.

Lorsque Fabienne Wyler créée, un tableau en appelle un autre comme une mélodie qui monterait en puissance pour atteindre l'apothéose, ce moment où l'artiste nous emporte définitivement vers un ailleurs spirituel.

Fabienne Wyler est également passionnée de sciences, notamment par la théorie du chaos déterministe et celle des "fractales" si chères à l'homme dont elle a partagé la vie : le compositeur hongrois György Ligeti.

Ses grandes séries aux titres évocateurs "Intermittences", "Bifurcations", "Attracteurs étranges"... sont de véritables compositions à la fois rythmées et mélodieuses, syncopées et harmonieuses...

Marie Agnes Moller
Revue Art et Design
Août 2017

Bifurcation XXII diminuendo c 10 2015 50x70
Bifurcation XXII diminuendo c 10 2015 50x70
Aquarelle encre de Chine XLVI L'escalier du diable c Hommage à G. Ligeti 02 2017 50x70
Aquarelle encre de Chine XLVI L'escalier du diable c
Hommage à G. Ligeti 02 2017 50x70
Intermittence XXXVI 03 2013 50x70
Intermittence XXXVI 03 2013 50x70
Intermittence XXXVII 04 2016 50x70
Intermittence XXXVII 04 2016 50x70

 

FABIENNE WYLER

Entre clavier et pinceau : une complémentarité féconde

Fabienne Wyler découvre et analyse successivement la musique contemporaine, l’école musicale viennoise, la peinture abstraite et l’art médiéval japonais. Dans ses œuvres tant picturales que musicales, ces influences exercent un effet complémentaire.
La musique de Fabienne Wyler se caractérise par la même volonté de libération de toute contrainte qui est à l’origine de la peinture abstraite. Dans sa peinture, en revanche, on retrouve la série organisée d’un Webern, sous les traits de modules.
Cette artiste genevoise qui mène de front deux activités créatrices conçoit donc sa musique et sa peinture comme des arts complémentaires. Si la composition constitue sa première passion, la peinture lui a été révélée à l’âge adulte, par la musique. Pourtant, les modules, la forte charpente de l’école viennoise ne se retrouvent pas là où l’on s’y attend : « La série organisée par Webern, divisée en figures, est tout à fait analogique à ma procédure picturale. Je peux également décaler, superposer, déphaser ces modules pour obtenir une forme et ma démarche est proche de certains procédés de composition tels que le post-sérialisme, ainsi que certaines musiques conçues par ordinateur où des haut-parleurs très sophistiqués projettent différents sons ou motifs musicaux dans l’espace. Ces motifs peuvent être décalés, déphasés, juxtaposés, etc., comme des modules, qui constituent l’infrastructure de mes compositions picturales. »
Cette orientation restera la sienne pendant les années à venir, car elle voit encore un important potentiel à exploiter dans les éléments innovateurs qu’elle a produits.
Côté musique, elle est plus figurative, moins cérébrale et moins axée sur l’innovation. Si la forme reste vigoureuse et structurée, si le style personnel est acquis, la direction à prendre est plus libre.
Elle se dégage complètement de l’avant-garde, des éléments statiques qui la caractérisent. Liberté, sensualité et plaisir, tels sont les maîtres mots de son inspiration musicale, comme s’il fallait une contrepartie au travail pictural qui, tout en lui étant naturel et spontané, n’en demeure pas moins très intellectuel. « La musique est un art plus difficile que la peinture ; je suis plus lente à composer qu’à peindre ; il ne faut pas oublier que la musique comporte une dimension temporelle, même si
j’introduis également une telle notion dans ma peinture. »
En peinture, Fabienne Wyler est à la recherche d’un équilibre précaire par l’apposition de modules, dont les couleurs ne se touchent jamais, par analogie à la répétition des notes selon les lois de la série. En musique, la base est formée par une pulsation, un rythme, un sentiment.
Comme si le rationnel s’exprimait par la peinture et l’émotionnel par la musique, le coeur par les
notes et la raison par les coups de pinceau.

Irène Minder-Jeanneret

 


 

Fabienne WYLER a exposé à Zürich à la galerie AKI-KUNST-KONTACTE. L'artiste, compositrice explore également la voie picturale en nous faisant découvrir un monde géométrique où le rythme des formes répond en contrepoint à l'harmonie des sons. Cette étape en Suisse fait suite à une présence régulière en France et en Allemagne.

 


 

 Le géométrisme lyrique de Fabienne Wyler

 

Double polyrythmie XIX 01 2008 50x70

 

 Fabienne Wyler, « Hiver 2015 », La Place Suisse des Arts, Lausanne du 22 janvier au 7 février 2015.

Les œuvres de Fabienne Wyler créent divers types de mises en abyme et de trompes l’œil avec une rigueur pleine de faconde et d’astuce.  Chaque œuvre est attractive par sa perte d’attraction terrestre. Plutôt que de « tomber » les formes s’envolent vers un univers sinon de science-fiction du moins virtuel et aux hypothèses floues. Dans le flottement dégagé de toute polarisation la poésie des formes saisit le regard. Découpées les éléments en dentelles verticales échappent au support. Ils ne le recouvrent plus totalement. Le camaïeu des couleurs et la chorégraphie des volumes imposent un bouleversement. Le géométrisme perd toute rigidité au profit de l’ivresse. Convexe et concave deviennent des notions qui perdent leur sens. Wuttrich et surtout Escher ne sont pas loin. Fabienne Wyler est la plus digne des héritières de ce dernier. Contenant et contenu se mêlent et s’agencent en des tableaux-poèmes afin que « les grisons grivelés et les échinodermes » chers à Max Ernst dressent l’échine pour quêter les caresses de l’air en sa diaphanéité.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 


 

Polyrythmie verticale VII 04 2000 50x70
Polyrythmie verticale VII 04 2000 50x70

Fabienne Wyler expose au Manoir de Cologny

Gouaches:  Quand la peinture rythme l’architecture au travers de la toile.

Par Murielle Cachin

De formation musicale, Fabienne Wyler est diplômée en composition au Conservatoire de Genève. Puis elle part en Allemagne où elle fut séduite par les peintres contemporains. C’est également à cette  époque qu’elle découvre la peinture médiévale (du IXe au XIIe siècle) japonaise. Aujourd’hui encore, cette peinture influence son travail au niveau des couleurs.
Mais sa découverte du dessin remonte à ses 12 ans et à une visite au tout nouveau Centre Beaubourg qui exposait alors des dessins de Miro. Ce fut pour elle une révélation.
Cependant, Fabienne Wyler attendra d’avoir terminé ses études musicales pour se lancer dans le dessin. C’est en 1993 que, parallèlement à la musique, elle a commencé à peindre. Elle ne s’est plus arrêtée depuis lors.
Dès le début, elle a été intéressée par l’architecture d’une toile. En partant d’une petite cellule de base, qu’elle appelle un module et qu’elle reproduit par symétrie, par effet miroir, qu’elle retourne, inverse, place dans tous les sens possibles, etc., elle construit l ‘architecture de son tableau en trois dimensions.
Ce n’est qu’a posteriori qu’elle s’est rendu compte qu’elle construisait ses toiles comme une partition musicale. La référence à J. S Bach démontre bien le phénomène. Sa façon de varier sans cesse les mêmes sujets, les mêmes thèmes, de les faire ressurgir, de les inverser, les mélanger, chaque nouvelle phrase musicale étant placée à côté de la précédente jusqu’à devenir, par exemple, une fugue.
La peinture de Fabienne Wyler est étonnante, magnifique, aérienne. Ses figures « géométriques » semblent flotter dans l’espace du cadre comme des notes de musique. On a l’impression qu’elles vont se mettre en mouvement ; ses toiles font penser à des mobiles. Fabienne Wyler est particulièrement intéressée par le travail  de la profondeur : sa peinture se lit en 3D.
Elle a mis au point une technique particulière et personnelle. D’abord elle pose les premiers traits au crayon, ensuite elle marque le pourtour de chaque figure géométrique à l’encre de Chine avant d’appliquer la couleur avec le plus grand soin et un minuscule pinceau. Elle utilise des gouaches très opaques qui donnent un effet métallique. C’est un travail d’une très grande précision sur un papier de qualité semblable au papier japonais.

Tribune de Genève, le 22 janvier 2001


 

Intermittence VIII 06 2008 32x32
Intermittence VIII 06 2008 32x32

Fabienne WYLER

L’expression picturale de Fabienne Wyler nous entraîne au coeur de rythmies, de polyrythmies, de double polyrythmies, à partir d’un module géométrique abstrait, inspiré des sciences mathématiques*, se jouant d’une extrême variance.
Pianiste et compositeur de musique (elle étudie à Genève, Freiburg, Milan, Sienne et auprès de György Ligeti à Hambourg), Fabienne Wyler est artiste-peintre depuis une quinzaine d’années. Ses œuvres, en lien avec ce qui l’a bercée dès son plus jeune âge, la musique, s’envolent comme des notes, en apesanteur, défiant la gravité. Ses formes géométriques, juxtaposées de manière quasi obsessionnelles tissent des chaînes, dans une dynamique étonnante. Elles se déploient, tourbillonnent, se replient, décrivant des formes ouvertes, légères, interrompues de « blanches » musicales, permettant à l’oeil un silence, avant de reprendre leur élan. Elles sont parfois comme suspendues sur le papier. Cependant, lorsque l’on regarde l’oeuvre dans son ensemble, rien n’est laissé au hasard. Tout semble soigneusement contrôlé, dirigé, orchestré : les tons, les sonorités, les rythmes, les registres, les gammes colorées.
C’est une musique légère qui s’égrène, bien que dans les dernières œuvres, notamment Intermittence VIII, l’occupation de l’espace est dense, approchant l’horror vacui. C’est une concentration intense de micro-modules qui se croisent, se superposent, s’empilent, s’entrecoupent, souvent à la limite de l’équilibre, et d’où émergent, parmi les myriades de petites surfaces colorées, de ténus carrés blancs. Les uns, disposés en cercle, imprègnent à l’oeuvre une dynamique rotatoire ; des dizaines d’autres, minuscules, se révèlent comme autant de parcelles lumineuses. Un travail où rythmies, rigueur, désordre, légèreté, obsession, se lient et se délient, comme une partition musicale. Une artiste passionnée ; une passionnante découverte !

Dr Danielle Junod-Sugnaux
Historienne de l’art

Fabienne Wyler vit et travaille à Genève. Le plus grand compositeur du XXe siècle, György Ligeti, dédie sa dernière Etude pour Piano « canon » (2001) en hommage à l’art visuel de Fabienne Wyler. Nombreuses expositions en Suisse (Vevey, Musée Jenisch (1999) ; Genève, Musée Rath, 2005), en France (Lyon, Maison de l’Europe et Palais des expositions,2006) et ailleurs en Europe (Darmstadt, 2002). Suivie par Jean-Yves Bosseur, directeur de recherche au CNRS (à Paris, il enseigne la musicologie, à Bordeaux, la composition), auteur de la préface du catalogue Fabienne Wyler (2006).

*notamment la théorie du « Chaos déterministe » et des « fractales » par le mathématicien B. Mandelbrot.

 


nyon


Polyrythmie XLV 11 1999 30x30
Polyrythmie XLV 11 1999 30x30

 

 

 

Une symétrie et des perspectives Parfaitement maîtrisées

 

Entre son et peinture

 

C'est lors de ses études musicales en instrument et composition que Fabienne Wyler rencontre György Ligeti à Hambourg. C'est également à cette époque qu'elle s'initie au dessin, puis à la peinture, qui deviendra son principal champ d'expression. Sur l'œuvre plastique de la Genevoise, qu'il a étudiée avec intérêt, Ligeti dira que « l'art de Fabienne Wyler montre une unité stylistique de rare consistance et prouve que construction et poésie peuvent former une unité de cohésion parfaite ».

Procédant par assemblage de modules losangés, l'artiste imagine des compositions rythmées, suspendues dans l'espace comme autant de notations abstraites. En déclinaison de verts, bruns terreux et bleus éteints, les unités de base se déploient selon des arrangements complexes, qui semblent traduire des motifs musicaux, si l'on en croit les explications de Wyler. Leurs formes incisives, tracées à l'encre de Chine avant d'être minutieusement peintes, s'empilent sur plusieurs plans superposés, dans un curieux mélange de fantaisie spontanée et de sévérité. Créant des effets de symétries et de perspectives parfaitement maîtrisés, l'artiste s'ingénie à déjouer malicieusement la rigueur géométrique de son œuvre par quelques ambiguïtés ou contradictions visuelles bienvenues.

Isabelle Vuong

 


 

 

Fabienne Wyler à Darmstadt (Allemagne)

par Bettina Beck

Portrait Fabienne

L'exposition « travaux sur papier III » s'est ouverte le 16 juillet dans la maison des ateliers Vahle à Darmstadt. Après ses expositions en Suisse et en France, c'est dans le cadre d'une exposition collective que l'on peut voir les œuvres de la compositrice suisse Fabienne Wyler, et ce pour la première fois en Allemagne.

En présence des artistes participant à l'exposition, la galeriste Christiane Klein a accueilli de nombreux intéressés dans l'ambiance intime de la maison atelier du couple artiste Inge et Fritz Vahle. Etait également présente Barbara Heller, qui avait rendu Christiane Klein attentive à l'art pictural de Fabienne Wyler et qui lui avait donné l'idée de l'exposer.

Après un cycle complet de formation musicale au Conservatoire de Genève, où elle étudie le piano et la composition, Fabienne Wyler se perfectionne en Italie et en France.

Elle s'intéresse tout particulièrement à la musique contemporaine, comme celle de la deuxième école de Vienne ou celle des compositeurs Boulez et Ligeti.

Mais dès le début des années 90, parallèlement à son travail de composition, elle s'initie à la peinture et se développe aussi dans ce domaine.

Elle puise son inspiration d'une part dans l'analyse de compositions modernes, par exemple celles de Webern mais aussi des fugues de Bach. Elle nourrit d'autre part un intérêt marqué pour la peinture en soi. On mentionnera comme source d'inspiration Klee et Kandinsky ainsi que l'art japonais du XI et XIIe siècle, la période Heian.

Ses compositions picturales s'élaborent autour de modules, des groupes de quadrangles qu'elle reproduit en leur faisant subir toutes sortes de transformations, rotations, déformations ou étirements. Ces variations ouvrent de nombreuses perspectives dont l'effet peut être bi ou tridimensionnel. Les éléments de couleur, qui rappellent aussi des représentations kaléidoscopiques, sont créés au moyen de la technique utilisée, à la gouache, ce qui permet de réaliser des figures géométriques aux pourtour précis, contrairement à la peinture à l'aquarelle.

Avant de terminer la soirée en petit comité, les hôtes ont pu écouter le nouveau CD de Fabienne Wyler, « XII préludes pour piano » (Gallo CD-1080). Ces morceaux figuratifs au piano, avec leur richesse de variations, de tempi et de rythmes, avec effets miroir et sons en série reconstruits ou encore repris, rappellent les idées que cette artiste exprime dans sa création picturale.

Réflexion miroir IV 03 1999 50x70
Réflexion miroir IV 03 1999 50x70

 


JOURNAL DE GENEVE ET GAZETTE DE LAUSANNE
8 MARS 1996

FABIENNE WYLER

Compositeur-peintre

Elle est Genevoise, la petite trentaine, et fait partie de cette rare congrégation des femmes compositeurs, qu’elle complète d’un talent de peintre. Une belle palette à laquelle rajouter la pratique instrumentale du piano. On peut découvrir actuellement son monde dans le cadre du festival Archipel, où elle propose une exposition de ses peintures à la Salle Patinò. Depuis la mort de Geneviève Calame, Fabienne Wyler est la seule « compositrice » à Genève : « Indéniablement, la rareté de la femme dans le domaine de la composition tient au fait que sa place dans la société a depuis toujours été très strictement maintenue à des tâches familiales. Je reconnais que je dois m’attacher à être sobre dans mon habillement par exemple, pour ne pas déranger le monde d’hommes dans lequel j’évolue. S’il est vrai que l’on commence à rencontrer de plus en plus de femmes compositeurs, il n’empêche que celles qui sont véritablement connues se comptent sur les doigts d’une main. Betsy Jolas ou Gubaïdulina restent des sortes d’exceptions. Je remarque d’autre part que la création et l’enfantement ne sont pas forcément compatibles. Je n’imagine pas avoir d’enfants aujourd’hui, même si pour l’avenir je n’exclus pas cette hypothèse. Je suis trop prise par mes recherches pour estimer remplir correctement un rôle de mère. En cela, j’envie les hommes qui ne sont pas soumis à ces impératifs de dépendance, et qui peuvent à n’importe quel moment de leur vie, envisager d’avoir des enfants. »

S. Bo.